Terre-Neuve
La jonction Nord-Midi est l’une des connexions ferroviaires les plus fréquentées d’Europe. Elle a été réalisée entre 1902 et 1950 et a fortement malmené le tissu urbain historique de Bruxelles. Les îlots ont littéralement été déchirés par le chemin de fer et les plaies de cette rencontre ne se sont jamais bien cicatrisées. La nouvelle salle de sport Terre-Neuve prend place le long de cette jonction, sur un site enserré entre l’imposant mur courbé du chemin de fer et un enchaînement informe d’annexes, arrière d’un ilot éventré par le train. C’est entre ces deux mondes aux caractères tout à fait différents, l’un local et vernaculaire et l’autre métropolitain et linéaire, que le projet trouve sa place.
QUE MONTRER ?
La proximité des voies fait du site un lieu à grande visibilité. Comment ajouter un peu de légèreté et de calme au chaos relatif des arrières d’îlot existants ? Pour cela, plutôt que de créer un ‘geste architectural fort’ intempestif, il nous a semblé plus opportun que le signe principal émis par le projet ne soit rien de plus que le simple dévoilement des nouvelles activités sportives qui vont prendre place sur le site.
UN PAYSAGE
La forme complexe et profonde du site nous a poussé à aborder le projet d’abord du point de vue paysager. Le projet consiste en une séquence de trois zones avec leurs spécificités propres. La première zone se situe le long de la voirie et est couvert par un auvent circulaire posé sur une colonne centrale. Il pourra fonctionner comme zone d’attente pour les utilisateurs de la salle et devenir un lieu de rencontre pour les habitants et les écoliers du quartier. La deuxième zone est conçue comme un jardin public un peu sauvage, une sorte de verger urbain avec des arbustes et des graminées, quelques bancs et un passage carrossable vers la salle de sport. Ce jardin est pensé comme une zone de décompression entre la promenade de la rue et la salle de sport. La salle de sport et son parvis se situent tous deux dans la troisième zone. La grande salle est constituée d’une structure légère et ouverte et abrite toutes les fonctions, à l’exception de la salle polyvalente. C’est un bâtiment nu, une sorte de table à hautes pattes. A côté de la grande salle, un deuxième élément prend place. Il est constitué d’une toiture parabolique tendue entre la salle de sport et le mur du chemin de fer et qui permet, de par sa forme unique, de transformer cet espace très étriqué en un vrai lieu de qualité. Grâce à la forme enveloppante de la toiture, la salle polyvalente qu’elle héberge au premier étage acquiert un statut plus formel et qualitatif. Cet espace singulier est le point culminant de la promenade commençant depuis la rue et traversant le jardin et le parvis.
UNE COMPACITÉ TRANSPARENTE
La superposition de la grande salle aux autres fonctions permet de créer un bâtiment très compact et d’ouvrir largement le bâtiment côté sud-est et sud-ouest. Cette ouverture génère les qualités essentielles du projet : une grande légèreté et une belle transparence, une lumière naturelle généreuse (contrôlée par des brise-soleils) et des vues directes sur le spectacle urbain des trains qui passent.
La présence du chemin de fer, avec ses références industrielles, nous a incités à utiliser les mêmes types de matériaux et de les montrer dans leur état brut.
La structure est exprimée à l’extérieur par des profilés de finitions en acier Corten et à l’intérieur par des profilés peints dans la couleur des anciennes peintures antirouille.
La salle de sport Terre-Neuve développe une stratégie de revalorisation d’un espace résiduel ingrat situé entre les deux mondes très différents que sont le chemin de fer et les arrières d’îlot. Le projet est simple et pragmatique. Il ne pose pas de jugement moral sur son environnement chaotique mais, au contraire, tente par sa posture calme d’apaiser son environnement tout en magnifiant sa poésie radicalement urbaine.